SSII sur le CV

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Je me suis aperçu dernièrement que je n'ai pas assez bien vendu mes deux ans passés à la crèmerie. J'espère que cet article vous permettra de ne pas rater cette opportunité qui peut vous ouvrir quelques portes et éventuellement rajouter quelques k€ sur votre fiche de paie.

Quand vous allez candidater pour un bon job, dans un bonne boîte, votre CV va être lu par un opérationnel en lieu et place des jolies filles des RH que les SSII embauchent pour donner aux jeunes mâles l'envie d'aller travailler chez elles (parce que vu le turn over, elles ont du mal à trouver assez de viande fraîche).

Les gens qui vont vous recruter pour un bon job, ce sont des seniors. Parmi leurs innombrables défauts, le sentiment d'avoir tout vu et de tout savoir, et surtout l'habitude de considérer que ce qu'ils ont vu il y a 20 ans est toujours vrai. Allez voir des CV de polytechniciens sortis dans les années 90 - début 2000 et qui sont dans l'informatique, vous verrez que beaucoup ont fait leurs deux premières années en SSII. C'est la raison pour laquelle les gradés des SSII qui ont 40 ans aujourd'hui sortent souvent d'écoles classes. Des X, un peu de mineurs, des centraliens, des télécoms, des meutes d'ENSAM (les Arts & métiers évoluent en meutes) et des ENSTA.

Il y a 20 ans, les SSII marchandes de viande d'aujourd'hui étaient des belles boîtes qui payaient bien et dans lesquelles on travaillait jour et nuit. Y entrer à la sortie de l'école, c'était la classe. C'était entrer dans l'élite, une deuxième prépa dont l'enjeu était non plus une école classe, mais une belle ligne sur le CV, un tremplin pour la carrière.

C'était l'époque où une partie des X-mines allait dans l'informatique. C'est difficile à imaginer aujourd'hui, mais un job de consultant à Alten, Altran, Capgemini, Sopra ou SSII-lambda, c'était un job de polytechnicien ! Pas aussi classe que Microsoft aux States mais presque. Bien plus classe que France Télécom.

Aujourd'hui, c'est un job dont un type sortant de l'ENSIMAG ne voudrait même pas alors qu'il tuerait père et mère pour entrer chez France Télécom. Même dans ma modeste école d'ingénieurs, la SSII, c'est le truc qu'on prend en dernier recours, les années de crise. Être toujours là-dedans au bout de 5 ans, c'est un échec.

Les choses ont bien changé, mais tout le monde ne le sait pas. Une chose entretient encore la confusion : le fait que les boîtes de consulting dans d'autres domaines (pharmacie, finance, management, énergie...) aient encore ces caractéristiques. Mac Kinsey, Accenture, E&Y, ce sont des entreprises sélectives, on y bosse beaucoup, on y apprend beaucoup, le pognon tombe, c'est classe sur le CV.

Pour pas mal de gens qui ne sont pas au fait de l'actualité en informatique, les SSII, c'est encore ça, il ne faut donc pas vous étonner d'entendre un sifflement admiratif quand vous dîtes que vous avez fait deux ans chez SSII-lambda. Si vous avez la chance de tomber sur un recruteur qui est encore sur ce schéma, vous pouvez passer devant un type sorti de centrale passé chez France Télécom alors même que, si l'on est au courant des choses, on sait qu'entrer chez FT en sortant de l'école, ce n'est pas évident et c'est bien plus classe que d'entrer à SSII-lambda.

Imaginez maintenant que vous réussissiez à faire entrer dans la tête de type qui est assis en face de vous que vous vous êtes frayé un chemin au milieu de cette jungle peuplée de polytechniciens et de centraliens. Vous, sorti de votre école pourrie de province, vous avez réussi à entrer dans cette élite, d'abord en stage (coup de bol), vous vous êtes accroché, vous avez eu le CDI derrière ! Si c'est déjà dans la tête du recruteur, il ne faut surtout pas le détromper.


Jouer sur la confusion SSII-Consulting

Ceci étant dit, mon conseil devient évident : entretenir la confusion. Pour ce faire, sur le CV, on écrit "Consultant". Surtout pas "Ingénieur" et encore moins "Développeur". Si il ne s'est pas tenu au courant, le recruteur pensera que "consultant en informatique chez SSII-lambda" est équivalent à "consultant en XXX chez E&Y".

Ce n'est pas un mensonge, le terme "consultant" est écrit en toutes lettres sur votre fiche de paie et sur votre contrat de travail, c'est une description de votre poste qui prête à confusion, mais qui n'est pas malhonnête. Personne ne vous en voudra jamais d'avoir écrit ça sur le CV. Au pire, le recruteur saura ce qui se cache derrière le "consultant chez SSII-XXX", ce qu'il aurait su de toute façon si il avait lu "Ingénieur en informatique".

En entretien, ne pas prendre le risque de vendre cette image. Le recruteur connaît peut-être le secteur. Gardez en revanche à l'esprit qu'il est peut-être dans l'illusion, au quel cas, il serait dommage de le détromper. Vendez les points positifs de l'expérience :

  • Vous avez appris plein de langages informatiques.
  • Vous avez vu plusieurs projets, plusieurs clients différents, plusieurs manières de fonctionner.
  • Vous avez fait un stage, vous avez été pris en CDI dans la foulée (c'est donc que vous bossez bien !)
  • Rappel d'une règle de base : on ne taille pas son ancien employeur. Vous aurez tout le loisir de le faire dans un autre contexte, par exemple quand vous serez embauché. En entretien, il faut être positif, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
  • Vous partez parce que vous avez beaucoup appris, assez pour évoluer. Hélas, il y a peu d'opportunités pour l'instant dans votre entreprise actuelle, vous vous êtes donc résolu à la quitter.

Tout cela était vrai hier, c'est toujours vrai aujourd'hui. Le dire ne détrompera pas le recruteur si il était sur le vieux schéma, il ne vous discréditera pas dans le cas contraire. C'est exactement ce qu'on veut.

Si vous être jeune diplômé, il est fortement conseillé de préférer une grosse SSII qui fait aussi du consulting dans d'autres domaines. Il serait en effet dommage d'être obligé d'expliquer à votre futur recruteur ce que faisait votre entreprise et en quoi consistait votre poste. Si vous marquez "consultant chez SSII-hyper-connue-qui-fait-aussi-du-consulting", vous évitez cette question embarrassante.

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